Y a tell’ment de moyens de ne pas s’intégrer
Qu’on soit sourd ou aveugle, avec un bras en moins,
Qu’on soit natif d’ici ou qu’on vienne de loin
Y a toujours le moyen d’être un inadapté.
Si tu as quatre roues, bonjour les escaliers !
Si tu ne parles pas, va pour téléphoner !
Si tu crises en public, ‘faut te faire interner !
Y a besoin de bien moins pour être inadapté.
Je suis inadapté, en voici la raison :
Je pense que les personnes ont d’abord un bon fond
Je ne vois que trop tard leur côté obscurci
Par le gain, le profit, aux scrupules interdits.
Et de un, et de deux, et de trois arnaqueurs.
Rien à faire, je laisse trop dicter mon coeur.
Pompez sans vergogne, vampires assoiffés !
De mes autres vies j’ai dû sûr en hériter…
Noble Seigneur à la charité pressante ?
Vagabond nostalgique d’une vie oppressante ?
Ou étais-je animal, tel un bouc émissaire ?
Tondu, de coups roués, et vidé de sa chair ?
Voici la réalité que mon coeur ne voit :
Le monde est asservi par des gens sans pitié,
Sans morale et sans coeur, prêts à vous soutirer
Jusqu’au dernier denier, si possible au-delà !
Tel un fauteuil roulant pour qui ne peut marcher,
Tel un alphabet de points pour qui ne peut voir,
Y a-t-il une prothèse pour blinder mon vouloir
De croire aux bonnes âmes et étendre mon jugé ?
Mon aura est remplie d’espoir et de tristesse ;
Un moteur lourd pesant de mes nombreuses vies.
Saurai-je aujourd’hui en resortir grandi
Pour enfin commencer à trouver la justesse ?
Messieurs les inconnus, les présumés coupables,
Afin de me guérir de ce cercle infernal,
Montrez votre visage, le vrai sous votre masque,
Et osez avouer l’ensemble de vos frasques.
Il est bien plus facile, à un homme qu’à mille,
D’aller vers le « normal » des mille autres confrères.
Car au fond, mendier, ou voler, même affaire.
Espérons que leur somme soit tout sauf tranquille !
Mais voilà le problème, je ne suis pas « normal »,
Et ne penser qu’à moi est hors de mes outils.
Aussi dois-je m’endurcir, et perdre ma morale,
Et enfin adapté. Ainsi c’est ça, la vie ?