Relation et possession
Dans de nombreuses langues, la relation et la possession utilisent le même mot. Un exemple simple : l’expression « ma femme » confirme cette ambiguïté.
Une époque où la distinction n’existait pas
Le simple fait d’employer un adjectif possessif, comme son nom l’indique, pose autant les notions de possessions, de propriété que de contiguïté habituelle. Et seul un conformisme langagier et les acceptations culturelles permet de faire la distinction :
- « ma femme » a très longtemps désigné une possession, avant la revendication des droits comme individu à part entière, au même titre que « mon enfant » ou « mon chien »
- « mon ami », bien que basé sur une notion de relation, laisse souvent sous-entendre une grande disponibilité
Mes connaissances en linguistique ne me permettent pas d’établir de comparaison dans d’autres grammaires non romanes.
Cependant :
- on emploiera les pronoms possessifs (le mien, le tien, le sien) majoritairement pour désigner des possessions et des propriétés, et rarement des relations (mon enfant, ton enfant, son enfant)
- en anglais et en allemand, usage du cas possessif dans la possession : the captain‘s cap, die Kapitänsmütze,
mais pas pour la relation en allemand : this man‘s wife, die Frau dieses Mannes - en japonais, on utilise no, très proche du cas possessif : watashi (je) no (possession) hon (livre-s) desu (être) = c’est mon livre
Des retards entre langue et mentalité
Au même titre que la notion de genre est à revoir dans les noms (une table, un soleil), due à la masculinisation du neutre latin lors de la francisation de la langue, une nuance des natures relationnelles serait à réfléchir. Malgré nos 350 000 mots, certaines langues sont plus en avance que nous sur les nuances et les genres :
- aimer, en anglais = to love (amour), to like (amitié), to enjoy (amusement)
- posséder, en anglais : à elle = her, à lui = his,
- posséder, en arable, fait la distinction pour à eux (selon s’ils sont deux, si ce sont des hommes, des femmes…)
D’autres subtilités linguistiques m’échappent, et la liste est loin d’être exhaustive. Dans l’absolu, si la langue n’est pas le reflet de la mentalité, ni la langue ni la mentalité ne peuvent évoluer de manière conjointe.