Spiritualité et progrès technique
Une des questions que je me pose fréquemment, étant donné que j’exerce un métier à l’évolution technologique permanente, est la suivante :
Y aurait-il eu une évolution technique et technologique sans l’ego ?
En d’autres termes, si personne n’avait voulu réduire son peuple à l’esclavage pour prouver qu’il est plus fort que son voisin, où en serions-nous aujourd’hui ? Pour quelles raisons des personnes, prônant la communion avec l’Univers et l’auto-affection, auraient besoin de se poser des questions non-existentielles et surtout de tout mettre en place pour trouver des réponses perpétuellement insatisfaisantes ?
Au commencement était la sédentarisation
Imaginons de nous placer dans la peau des individus avant l’avènement des civilisations. Chasseurs, cueilleurs et pêcheurs migrent en clans, s’installent quelque part, exploitent les ressources et bougent quand ces dernières deviennent insuffisantes. Les origines de la sédentarisation restent encore floues, on peut supposer que le Croissant Fertile, berceau des civilisations, ait pu disposer de suffisamment de ressources végétales pour permettre une alimentation continue toute l’année et ce en quantité suffisante, permettant ainsi aux premiers sédentaires de ne plus avoir à migrer à chaque saison.
Jean-Jacques Rousseau, dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, définit le premier critère d’inégalité par la propriété. On appelle propriété un bien dont on réserve l’accès ou l’usage à un nombre restreint d’individus, selon des critères plus ou moins subjectifs comme le fait de l’avoir fabriqué soi-même. Les arts rupestres et premières sculptures avaient déjà modelé l’esprit humain sur sa place dans l’espace et dans le temps. Les mécanismes de différenciation ont dû apparaître plus tard, notamment pour évoquer des choses absentes du champ visuel, bien avant le nommage des individus.
Revenons à nos moutons dans leur enclos, bien qu’ils n’y soient pas encore… En effet, l’élevage des herbivores est arrivé un peu plus tard, rendant une partie de la chasse obsolète. Leur protection nécessitait un isolement des prédateurs. On peut voir, dans ce souci de garantie d’avoir toujours des ressources animales à disposition, une appropriation de la forme : « ces animaux sont pour notre nourriture, pas celle des carnivores », et les prémices de la propriété.
L’ego dans le développement humain
Le cerveau est un organe aussi complexe que simple qui fonctionne sous 2 modes : satisfait ou compensé. Étant donné que nous naissons névrotiques, c’est-à-dire avec un besoin affectif nécessaire pour obliger nos parents à nous couver le temps nécessaire à notre autonomie, toute carence ou excès dans ce domaine va entraîner des comportements inadaptés. Aujourd’hui, il n’existe aucune science relative aux psychopathologies de nos ancêtres préhistoriques, ou paléopsychopathologie (45 points au Scrabble en mot compte simple). Avaient-ils des troubles de la personnalité ? développaient-ils aussi des pathologies psychotiques, des maladies neurodégénératives ?
Comment s’est passée la transition entre l’anarchie (absence de hiérarchie) et la hiérarchie ? Sous quelle forme de pression l’asservissement s’est-il mis en place ? Comment les valeurs abstraites de classification sociale se sont érigées en règles ? Et surtout, aurions-nous pu y échapper ?