Tout aurait dû bien se passer…
Cela peut ressembler à un titre de polar à la Nothomb. En fait c’est la preuve de la grande naïveté doublée de la grande cupidité de notre société.
D’un côté on a des personnes qui pensent que les autres sont bons, et d’autres qui savent que les autres sont assez bons pour se faire duper. Ces derniers n’hésitent pas à usurper leur identité, à mentir, à frauder, à contourner les règles, à user de stratagèmes pour parfaire leur scénario.
De ce fait, de nombreuses entreprises se construisent et se déconstruisent sur ce socle. Présentent tout en règle. Tout est beau comme sur du papier à musique. Et un jour, l’entreprise disparait, laissant son œuvre en plan, se moquant des incidences sur la vie et l’investissement des particuliers. Ces particuliers qui doivent faire appel à de nombreuses procédures juridiques, voire judiciaires, afin d’obtenir réparation, sachant que la majorité tombe à l’eau.
« Tout aurait dû bien se passer… »
Et finalement, non seulement tout ne se passe pas bien, mais rien ne se passe bien. Les cas se multiplient, les entreprises disparaissent sans laisser d’adresse. La justice ne rend plus justice car elle est dans l’incapacité à investir les ressources nécessaires à la chasse aux fantômes.
Oui, la plupart des bonnes gens sont naïfs. Paradoxalement, les mauvaises gens sont moins nombreuses que les bonnes gens. Et pourtant ce sont elles qui font le plus de mal. Une minorité en quête d’enrichissement immédiat, en rébellion avec le système sociétal, malade d’un manque de reconnaissance à sa juste mesure.
Parmi ces mauvaises gens on trouve ces entrepreneurs, les cambrioleurs, les voleurs (en faisant exception de ceux qui sont si démunis et qui ne volent que pour se nourrir), et même certains politiciens et barons des multi-nationales. Paradoxalement, on vote pour certains et on entretient d’autres par le biais du système de consommation.
La Société Occidentale a fondé le maintien des citoyens, pour ne pas dire ses fidèles, par divers mécanismes très bien rôdés basés sur la peur, le mal-être permanent, la création de problèmes et l’apport de solutions partielles ou provoquant d’autres problèmes. Ainsi l’économie de croissance fondée dans les années 1920 a-t-elle entériné le concept de hiérarchie sociale à son degré le plus élevé, creusant les écarts entre les classes, multipliant les besoins de la majorité des travailleurs, rendant chaque cas unique mais instaurant des cases de correspondance arbitraires, permettant de décharger les administrations censées répondre aux problèmes.
Oui, le monde va mal. Einstein a dit que les hommes les pires sont ceux qui laissent le Mal opérer, mais la dépendance au confort de vie empêche tout individu à renoncer à ses biens et avantages pour un inconnu proche du Moyen-Âge : dire adieu aux soins gratuits et à aux centaines de chaines de télévision ; devoir simplement travailler et ne plus avoir d’aide de l’État ; devoir apprendre à prendre ses responsabilités, à s’ouvrir à soi ; reconnaître le fait qu’un patient est une exception et non un pilier de l’économie ; se rendre compte que la Théorie des Cordes n’apporte pas plus que le nom des étoiles et que les conflits au nom d’un individu quel qu’il soit, vivant ou Dieu, doivent être réglés par ledit individu.
On ne peut guérir un corps malade
avec des remèdes proposés par des gens malades.