Perfection et idéal
Il doit s’agir du plus gros abus de langage de la langue en général, toutes cultures occidentalisées confondues. On emploie le mot perfection à tort, notamment pour parler d’idéal. Même les citations les plus célèbres emploient le mot perfection dans le sens d’idéal : « La perfection n’est pas de ce monde », « Vous n’atteindrez jamais la perfection » (Dali), « les détails font la perfection » (De Vinci)… C’est dire que la confusion date !
Perfection vient du latin per fecto, qui veut dire fait jusqu’au bout. Quand une chose est fait jusqu’au bout, elle est donc parfaite. On retrouve cette étymologie en conjugaison, avec l’imparfait, qui signifie une action passée interrompue, donc non terminée : « Je faisais du shopping quand mon téléphone sonna« . Il est clair que mon shopping n’était pas terminé quand mon téléphone se mit à sonner.
La perfection est bien plus facile à atteindre que l’idéal. Ce dernier est une utopie conditionnée dans le temps, car il évolue au fil des expériences (voir Tron : l’héritage pour exemple). Il est de même nature que le rêve, purement subjectif et laissé à l’appréciation de chacun, alors que la perfection est plus objective : une chose finie est finie, quelle qu’en soit l’issue.