Pour une informatique éco-responsable
C’est un sujet du moment, l’éco-responsabilité. Derrière ce terme que l’on a parfois du mal à définir, je voudrais faire un éclaircissement de l’impact écologique de notre usage informatique, et des petites astuces permettant de la réduire.
Des chiffres
Comme mentionné dans ma vision du futur, tout Internet (datacenters, infrastructure et terminaux) consomme 1500 TWh/an. sachant que nous sommes environ 4 milliards d’internautes, cela représente environ 375 kWh/an, soit 1kWh/jour, soit 1 frigo par personne… Cela peut sembler dérisoire, mais rapprochons-nous de la réalité.
Si on part sur un équipement d’un ménage de 4 personnes (donc 4kWh/jour), avec :
- 2 PC portables (3h/jour) : 300 Wh
- 2 smartphones (2 recharges/jour) : 12 Wh
- 1 box (24h/jour) : 250 Wh
- 1 démodulateur TV (24h/jour) : 300 Wh
Total : 872 Wh/jour, soit 4 fois moins que l’énergie nécessaire pour faire afficher vos sites favoris ! Dans le cas d’une personne n’ayant qu’un smartphone, le ratio est de 160 !
Pourquoi autant de consommation ?
Il faut comprendre comment fonctionnent Internet et ses équipements pour répondre à cette question. Internet est un maillage de divers ordinateurs spécialisés :
- des serveurs, stockant les pages des sites, les médias et les bases de données
- des routeurs, assurant l’acheminement des demandes et des pages
- des terminaux (PC, smartphones)
Chacun de ces appareils dispose de composants électroniques, des processeurs, servant à l’analyse et au traitement des données.
Voyons ce qui se passe uniquement en affichant Google.fr sur son terminal :
- vous lancez votre logiciel de navigation
- vous saisissez dans la barre d’adresse Google.fr et validez : vous envoyez non seulement google.fr, mais aussi des méta-données comme la version de votre navigateur, la version de votre système d’exploitation, l’adresse IP de votre PC (un ensemble de chiffres identifiant de manière unique un terminal, un routeur ou un serveur) ainsi que des cookies préalablement enregistrés
- ces données passent par le processeur de votre terminal, puis votre box ou relais Wi-fi ou opérateur mobile, qui va rechercher l’adresse IP du serveur, ainsi que la route (l’ensemble des routeurs à traverser) pour l’atteindre
- une fois sur le serveur, l’information sera analysée, les méta-données stockées, la page sera compilée avec des informations conservées en base de données (comme les doodles de commémoration, les mises à jour des conditions d’utilisation ou l’historique de vos recherches)
- et prendra le chemin inverse, routeur après routeur,
- jusqu’à votre terminal qui analysera sa structure
- et affichera de manière graphique la page Google.fr
Toute donnée traitée consomme de l’énergie (aujourd’hui, un processeur peut faire environ 1 milliards d’opérations par watt consommé), multipliée par le nombre de processeurs intermédiaires et par le nombre de fois qu’une page doit être compilée (structure, base de données) avant son affichage.
Les services les plus énergivores
Les services qui consomment le plus d’énergie sont sans conteste les monnaies électroniques ou cryptomonnaies, comme le BitCoin, dont les transactions (que l’on appelle communément le minage) demandent à chaque fois de plus en plus de ressources énergétiques. On estime à 160 GWh la consommation quotidienne pour lesdits traitements, soit 40 Wh/internaute. Une transaction nécessite à elle seule près de 900 kWh, ce qui explique le récent engouement pour l’acquisition des cartes graphiques, seuls composants à même d’effectuer les calculs nécessaires pour les transactions !
Puis viennent les streamings vidéo, comme Netflix, aini que la TV par Box. Car non seulement la quantité d’informations à transiter est colossale, mais le décodage d’une vidéo en haute définition pour un processeur est de l’ordre du milliard d’instructions par seconde. 1 heure de streaming nécessite 2.2 kWh d’énergie, et rien que Netflix totalise plus de 50 milliards d’heures de visionnage annuels ! Rajoutons les concurrents, les streaming illégaux et la TV…
Comment réduire son impact ?
On se rend compte, malgré tous ces chiffres, que la consommation individuelle à l’échelle de la consommation mondiale représente une goutte d’eau dans l’océan. Cependant, quelques petites astuces peuvent avoir un impact.
Informatique
- Favorisez le téléchargement au streaming ou au cloud
- Quand vous répondez ou transférez un mail, supprimez le contenu qui n’est pas nécessaire
- N’utilisez pas de cryptomonnaies
- Enregistrez localement les pages statiques que vous consultez le plus souvent
- Activez le cache navigateur (images, feuilles de style, scripts JS), nettoyez-le que quand cela vous semble nécessaire
- Privilégiez des appareils facilement réparables (Fairphone, PC sur-mesure…)
- Activez la mise en veille prolongée (sauvegarde de la mémoire vive et extinction du PC)
- Privilégiez des streamings audio dédiés (Deezer, Spotify) à Youtube pour n’avoir qu’un fond sonore
- Favoriser du matériel basse consommation, au détriment d’un peu de performance (en cela il est important de bien cerner vos besoins)
- Pensez à nettoyer régulièrement la ventilation de l’ordinateur
Smartphone
- Désactivez la synchronisation automatique, voire la data et le wifi, et choisissez quand relever vos courriers et lire vos notifications
- Eteignez votre téléphone la nuit
- Privilégiez le local au streaming ou au cloud
- Privilégiez des streamings audio dédiés (Deezer, Spotify) à Youtube pour n’avoir qu’un fond sonore
Electricité
- Coupez votre décodeur TV si vous ne l’utilisez pas
- Coupez votre box Internet quand vous vous absentez
- Privilégiez les multiprises à interrupteur
- Débranchez les chargeurs