La fidélité
La notion de fidélité peut prendre des aspects bien divers suivant le contexte dans lequel elle est employée :
- dans les magasins, elle assure une assiduité de la clientèle
- au travail, elle permet un dévouement à son employeur (la dellation est punie)
- dans les Tables de la Loi de Moïse, comme dans le Code Civil, elle mentionne une relation exclusive avec une personne
Mais la fidélité est bien plus compliquée que cela.
A l’origine, fidélité vient de fidel signifiant la foi, la confiance. Paradoxalement, dans le contexte actuel, elle s’applique mieux étymologiquement aux magasins qu’aux relations conjugales. Car, en effet, si on retourne faire ses emplettes dans un magasin, il y a de grandes chances que c’est parce qu’il nous donne satisfaction.
L’application, et certainement le détournement, de ce terme dans le couple a probablement une origine liée au contrôle des naissances, à l’ancrage du nouveau concept qui s’appelle la famille (pour dissoudre la notion de clan), à la sacralisation de l’union par le mariage, à une hégémonie de la Religion…
Or, et c’est un point non négligeable, la fidélité ne fait nullement intervenir les sentiments ou la notion même de bonheur, et nul n’est responsable de tomber amoureux d’un autre individu. Et c’est là que le bât blesse, car tout élément susceptible de remettre en cause la fidélité conjugale, non exécuté, n’apporte que la frustration, l’oubli de soi, voire la dépression et des conduites suicidaires.
La fidélité enferme les individus dans une prison de devoirs, ne laissant aucune forme de liberté individuelle. Il est illusoire qu’une personne puisse faire le bonheur d’une autre, et encore plus qu’une seule personne le puisse. La seule personne qui peut nous rendre heureux est nous-mêmes, en s’autorisant à être qui nous sommes, et à réellement avoir confiance en l’autre. On retrouve ces contraintes dans la relation mère-enfant, ou la mère perd son statut de femme pour s’occuper de son enfant, et perd le regard de son conjoint en tant que femme qui ne la voit plus que comme une mère (pendant longtemps on élevait les filles à ne vivre que pour leur mari et leurs enfants ; je recommande le film Le sourire de Mona Lisa).
J’admets que ces propos remettent un pan entier de notre société en question. L’Amour Libre est un choix culturellement difficile à prendre, certaines personnes en ont besoin pour se sentir vivant, pleinement intègre, d’autres n’en ont pas la capacité (faible confiance en soi, blocages injonctifs, élastiques, schémas, problèmes d’ancrage et d’appropriation corporelle…), ce qui peut générer des déséquilibres dans le couple, amenant au mal-être, à la séparation plus ou moins douloureuse, au suicide, à l’adultère, à la culpabilité, à la perte de confiance…
Si vous choisissez de finir votre vie avec une personne, il n’y a qu’une seule règle pour que cela fonctionne : vous devez être autonome dans votre bonheur. N’attendez pas celui ou celle qui comblera les vides que vous n’arrivez pas à combler, mais attendez plutôt celui ou celle qui vous soutiendra dans votre quête d’intégrité, qui n’attendra de vous que vous soyez heureux(se), même si cela se concrétisera par la prise de chemins différents.
Etre fidèle c’est croire en son partenaire, accepter ce qu’il est maintenant et ce qu’il sera de mieux plus tard. C’est aussi accepter ce qu’il ne sera plus, ce que nous ne ferez plus ensemble ou ce qu’il fera de mieux seul ou avec un(e) autre.
La fidélité, en résumé, c’est vivre le moment présent. Et en profiter pleinement.
« Il n’existe rien de constant si ce n’est le changement. »
Bouddha