Un sourire apparent, une dose d’humour,
On me voit rayonnant, et ce jour après jour.
C’est un euphémisme de me dire éreinté
Car en vrai, j’ai envie de tout laisser tomber.
Imaginez vous les nuits, remplies de cauchemars,
Des rêves si forts que le repos, illusoire,
Me demande, tel une faveur tous les soirs,
Si y rester ne serait pas le seul espoir…
Affronter jour après jour ce monde imparfait
Rempli de personnes aux desseins égoïstes
Ils se croient beaux et forts, au savoir élitiste,
Et de surcroit irresponsables en tous faits.
Mon karma les attire comme un aimant humain
Ai-je le rôle de nettoyer la planète
De ces âmes corrompues et ces vides bêtes
Ce au prix de rendre mes propres désirs vains ?
Je ne peux supporter ce monde oligarchique
Où quelques bergers dressent, dans une peur livide,
Des milliards de moutons à l’amour platonique,
Aux besoins refoulés et à la peur du vide.
Vouloir partir, vouloir s’enfuir, vouloir mourir,
En arriver à y penser semble le pire.
Je ne me considère pas comme un martyr
Et m’immoler n’allègera pas de souffrir.
Vais-je le faire ? M’ôter la vie en criminel ?
Je serais condamné à revenir sur Terre
Terminer le travail dans un autre mortel
Jusqu’à ce que mon âme soit lavée de ses fers.
Alors je souffre, je contemple et je crie
Impuissant face à tant de volonté honnie
Je remercie l’argent, le luxe et le pouvoir
D’avoir tué l’amour, et engendré l’espoir.
Mais quel espoir ? Qu’attendre de ces gens là haut,
Trônant au sommet des besoins de Maslow ?
En a-t-on telle crainte, que d’agir par nous-mêmes
Serait le crime digne du châtiment suprème ?
Alors on suit, on exécute la tête basse.
On vit tout seul, on se croise sans s’arrêter.
Le temps va de plus en plus vite, ce qui hélas
Ne nous laisse plus le temps de nous accoutumer.
Nos vies ont régressé au niveau des fourmis.
On nait, se nourrit, travaille, accouche et meurt.
Un remède sort pour compenser la douleur,
Mais la balance s’use et casse sans un bruit.
Oui, je m’efforce d’alléger ma balance
Car je me sens le corps et l’âme d’un vieillard.
N’ai-je vécu que le tiers de mon existence
Pour en finir trop tôt alors qu’il n’est trop tard ?
Oui je veux mourir, non je ne vais pas mourir.
Il y a tant de choses que je n’ai pu finir
Car si je dois partir, ce n’est pour revenir.
Que ces devoirs finissent un jour en souvenirs.